12 janvier 2012

L'architecture se définit (au sens large)?


Usine, 2009, Montréal
Fragments entre l'art, la science, la philosophie... 

À vrai dire, je ne suis pas architecte. Alors, en quoi ça me concerne? Diplômée en psychologie (bac, 2005), du jour au lendemain, pour diverses raisons, je décide de déménager, de m'inscrire à l'École de Design de l'UQÀM, puis je termine mes études avec une maîtrise en design urbain de l'Université de Montréal. En entrant en faculté, première semaine, je ne comprenais vraiment rien, car j'avais toujours été conditionnée à réfléchir à un tout autre monde (en fait plus pour le soigner...). J'ai dû chercher à me reconnaître dans tout ça! Éventuellement, pourrais-je intégrer une pensée psychologique abstraite avec un construit concret et réel? À l'aide!! J'ai donc entrepris une lecture intensive, et comme la plupart je devais me trouver des références «bien bâties» (Alberti, Le Corbusier, et Cie...). Comment on définit l'architecture? À quelle époque? Historiquement? Culturellement? Où, dans quelle région? En peu de temps, je me suis rendu compte, même en-dessous des théories les plus rationnelles, que l'on pense en fonction de ce que l'on aime dans la vie. Voilà la perception que j'ai ressentie. Ceux qui aiment la musique, les couleurs, ou bien les courbes de la femme (et oui), peuvent en être fortement influencés et accomplir un sens de créativité sans fin. Ça semble ultrasimple, mais les idées complexes ne s'associent pas toujours aux innovations.

Sigmund Freud, 1856-1939
Ma première définition de l'espace, élaborée en première année de faculté, intitulée «formes et compositions»: la forme architecturale dans le concept freudien de la personnalité.
Un des modèles de Sigmund Freud, psychanalyste autrichien, que je préfère est structuré dans la définition de la personnalité. Pourquoi ne pas «dé-composer» une maquette conceptuelle avec une théorie psychique? Je vous explique ma transition.

Le Ça, le Moi et le Surmoi, la théorie
Brièvement, Ce sont trois éléments construits de la psyché, qui s'influencent réciproquement, parce que liés ensemble, en chaque être humain.
Ça: Le pôle de l'instinct, en grande partie dans l'inconscient. Il est déterminé par le principe du plaisir.
Moi: Le second processus pour équilibrer et s'adapter à la réalité. Il agit comme médiateur.
Surmoi: Il s'attache, tel un précepte, aux restrictions morales, à l'influence de l'éducation et des parents.

Schéma conceptuel
Explication de l'Homme dans l'Espace, et l'Espace dans l'Homme
Nous voyons dans la maquette, que les formes, interdépendantes, se répondent et bougent continuellement. Le Moi se réfère au creux, entre le Ça, la partie ondulée, et le Surmoi, la partie plate à gauche. Ces trois construits sont conçus par couches, représentant les divers moments de la vie. Ça ressemble à une compétition mentale entre les trois, c'est-à-dire qu'à certaines étapes, un construit prend davantage de place qu'un autre. Par exemple, un jeune bambin (la couche la plus basse) se rapproche du Ça, car il a peu de blocages, il ne comprend pas tout à fait les limites que ses parents lui imposent, chanceux! Le volume cylindrique en bois, noeud formé au centre de la maquette, signifie la rencontre entre les trois éléments, comme des rapports structuraux. À partir de ce moment, le volume peut être le point de départ d'un projet.

Si ma maison était une cliente, il serait intéressant d'accueillir un psychanalyste, et le voir observer tous les angles du système, pour ensuite recevoir un diagnostic (bon j'espère!). Finalement, je ne me suis pas trop éloignée de mon ancien objectif professionnel de soigner le monde.

On devrait emmener les étudiants (du moins au Québec parce que je vois bien la problématique ici) à créer leur propre définition du champ, une au début, et une à la fin! Nous devrions échanger plus souvent sur le sujet, accorder plus d'importance, donc pas seulement dessiner!!! Pourquoi ne pas construire sa définition avant n'importe quoi d'ailleurs? Cela se fait actuellement? Je souhaite que l'on entende avec force cette jeune voix! C'est primordial de se rappeler que la définition évolue dans le temps, et également pour les étudiants!

À suivre...




10 janvier 2012

Le cinéma québécois durant la Révolution tranquille: comment est représentée Montréal à cette époque.

«Filmer est un geste politique. Filmer une ville c'est la reconstruire, la défaire, la détruire. Refonder un langage.» Jean-Luc Godard, Exposition au Centre Culturel Suisse à Paris.




Construction Place Ville-Marie 1961
source: ville.montreal.qc.ca

Construction Place Ville-Marie 1960
source: ville.montreal.qc.ca
Introduction
Dès l'invention de la caméra vidéo, le cinéma québécois a longtemps été contrôlé par le clergé les ses traditions. Durant la Révolution, dans les années 60-70, le cinéma québécois se transforma en une industrie démocratique relativement bien implantée. Il sera devenu le miroir de la province afin que la société puisse s'identifier. 

Une façon d'explorer de nouvelles possibilités pour s'émanciper
Suite à la Seconde Guerre mondiale et l'Expo 67, l'industrie économique occidentale a diffuser d'innombrables outils technologiques pour aller de l'avant dans notre désir de société. Cela permit entre autres d'acheter la caméra portative (crée par les Allemands durant la Seconde Guerre), offrant du coup une entière liberté de mouvement, ce qui facilitait es découvertes en ville. Afin de porter la réflexion du loin, ce dernier point mérite d'être examiné. Quel est le rôle de la modernité dans les films?  Est-il favorable, menaçant ou ambigu?

La modernité
Certains théoriciens définissent la modernité comme un concept au contraire de la tradition, au prolongement de l'idéal ( la philosophie des Lumières). D'autres, en revanche, contestent la modernité, étant près de l'aliénation (argument freudien), c'est-à-dire qu'elle serait vue comme un choc, un coup sauvage, liée à l'oppression. Il est désormais intéressant de démontrer que le cinéma a permis de faire vivre plusieurs sens de la modernité aux protagonistes, même s'ils ont la rupture au passé comme point commun.  Pour mieux comprendre, la Révolution se compare certainement à l'adolescence, parce qu'il est essentiel qu'elle se détache du passé afin qu'ele vive ses changements, qu'elle puisse mieux s'accomplir et progresser en avant.


Notre portrait avant la Révolution,
Séraphin, 1948
Comprendre brièvement le contexte politique
Avant les années 60, le Québec était une société soumise à la conformité (avec Maurice Duplessis au pouvoir, au parti de l'Union Nationale de 1944 à 1959). De façon générale, les ressources et l'ensemble de l'industrie québécoise étaient contrôlés par les Canadiens anglais et les Américains.  Le gouvernement de l'époque était soutenu par le clergé, pour protéger ensemble la langue française. Au départ, le cinéma fut développé dans les années 30, dans le but de maintenir les valeurs religieuses, à outrance malheureusement, au-dessus du peuple. Le soit-disant père de la Révolution, Jean Lesage (1960-66), entra au pouvoir et apporta un système public dit «moderne». Durant cette époque, il y aura un tas de nouvelles réformes concernant la santé, l'instruction, l'électricité, de même que l'économie, et j'en passe. Cette transformation politique marque un nouveau souffle avec ouverture, visibilité internationale, et ensuite émancipation des droits par rapport aux Canadiens français, en refusant donc le soutient du clergé. Dès ce moment, il faut entreprendre des actions politiques et débattre son point de vue de façon autonome. Le féminisme et le syndicalisme entrent aussi dans la vague des manifestations.

Slogan 1962, source: hydroelectricite.ca
Mon choix de films
J'ai choisi trois longs métrages qui dévoilent à leur façon, divers problèmes, mais reliés par les mêmes thèmes. J'ai soulevé quelques hypothèses pour mieux comprendre les conséquences. Comment les personnages principaux ont géré le conflit par exemple. Ce sont des problématiques se référant au milieu des années 60. Quels sont les opportunités, ou les dommages que la modernité laisse. Montréal est remplie d'espoir! En recueillant les observations, les objets principaux se classent: le rôle de l'Église, le centre-ville, la banlieue, la musique.



A. Trouble-fête, de Pierre Patry, par Coopératio, 1964: la modernité qui menace. (voir l'extrait vidéo  dans la version italienne.)
Ce film traite sur une révolte d'étudiants d'un collège classique, contre la gestion de l'autorité, autrement dit, les prêtres. Lucien, le protagoniste, est le chef du groupe d'étudiant. Ici son rôle est ambivalent, car il recule par peur tout au long du film, jusqu'à sa décadence. On sent de façon évidemment que la modernité est trop arrivée à la hâte, de manière à ce que les images, celles de nuit, soient de plus en plus accélérées, pendant que le jazz joue; c'est chaotique. Les images de jour font plutôt allusion à la sérénité. Le passage incertain vers la modernité épuise le protagoniste ( Lucien). À la fin, il étouffe de tourmente dans un lieu anonyme. Ce film est considéré, historiquement, comme premier pas dans la progression.
Les fugitifs la nuit
Les bons étudiants le jour
   

















B. La vie heureuse de Léopold Z, de Gilles Carle, par l'Office national du film, 1965: la modernité est favorable.
Ce film est une vraie comédie, qui évoque une atmosphère de joie, du début à la fin! Il constitue le portrait d'un citoyen normal, moyen, qui magnifie la banlieue (synonyme de succès en Amérique du Nord) ainsi que le centre commercial. Ici les personnages prônent des valeurs morales et catholiques, mais profondément attirées vers le rêve américain. On mêle les traditions (attachées au passé) au rythme de vie moderne. Les protagonistes vivent en harmonie avec l'individualité. Léopold est conducteur de camion-déneigeur, et il en est très fier. Il aime l'abondance, mais cela semble lui prendre de l'énergie, car lorsqu'il va à la messe, il arrive en retard. Il faut remarquer que l'église est positionnée derrière les commerces. Les priorités sont en train de changer.
La banlieue comme mode de vie 
L'église derrière les commerces















C. YUL 871, de Jacques Godbout, par l'Office national du film, 1966: la modernité à la recherche d'un équilibre.
Ce film est intitulé en l'honneur du code d'aéroport international de Dorval. À première vue, il y a un immense détachement entre le protagoniste et la ville, mais ce sont deux identités qui se ressemblent. L'histoire tourne autour d'un Français adopté, venu au Québec, à la recherche de ses parents, tous deux Roumains natifs, séparés par la Seconde Guerre mondiale (vous me suivez?). La première scène se déroule à bord de l'avion. Montréal est présentée à vol d'oiseau, pour un touriste. Durant son séjour, Jean, le protagoniste, rencontre peu de points de références; il est plutôt désorienté dans ses recherches. En rupture avec le passé, comme Montréal, il se remet en question, en marchant à travers des lieux restructurés. Jean est mal-à-l'aise, puis décide de ne pas rencontrer sa famille, n'y ayant plus d'intérêts. À mesure que le film avance, les paysages urbains se montrent froids, sombres et vides.
Promenade dans la nouveauté
Dans un stationnement, désorienté




















La place Ville-Marie est un objet qui évolue continuellement à travers les trois films
Qu'est-ce que la Place Ville-Marie? C'est un édifice qui porte sur ses épaules le symbole de la modernité depuis 50 ans, attaché à l'architecture international. Étrangement, c'est un édifice en forme de croix qui porte le nom de la Sainte Vierge. Il fut le gratte-ciel le plus haut du Canada (188 mètres, 44 étages) en 1962, conçu par trois architectes américains célèbres: Ming Pei, Henry Cobb et Vincent Ponte (urbaniste). La Place est quand même un succès quant à la fonctionnalité et la forme qui offre un ensoleillement maximal. Il ne faut pas oublier que la modernité dérange. Montréal, entre autres, a vécu un peu de tout, jusqu'aujourd'hui, c'est-à-dire la «menace», la «prospérité» et l'ambiguïté. A t'il été nécessaire d'effacer le passé, de détruire d'anciennes valeurs, pour recommencer du début? À travers le regard des réalisateurs sélectionnés, nous avons vu une ville en pleine crise, qui se débarrassa d'un tas de choses (on ne parlera pas du tramway...), en tout cas suffisamment pour mettre en danger l'identité propre de Montréal, sans mettre à profit ses références pour qu'elle puisse bien grandir. Suite à la Révolution, Montréal ne reconnaissait mal ce qu'elle avait besoin, et elle connu dans les années 70-80 une période de moindre qualité architucturellement parlant (voilà une des conséquences à la modernité). Les trois films évalués ont montré que la ville ne s'est pas assumé. Elle n'était pas prête, mais apprend de ses erreurs, et elle reste magnifique malgré tout.
Place Ville-Marie, 2010.
Place, vue vers le nord (Mont-Royal)


Bibliographie




5 janvier 2012

Un laboratoire pour mes expérimentations personnelles

La situation autoroutière de Montréal est un sujet qui m'intéresse. La première fois que je suis venue à Montréal, il y a déjà quelques années, en tant que touriste, un seul mot me venait en tête, Autoroutes! C'est en effet un mot-clé qui revient fréquemment au téléjournal, particulièrement depuis cet été. Le rapport que j'entretiens avec cette structure est quelque peu complexe.

Il faut avant tout comprendre le contexte dans lequel la «40», c'est-à-dire la «Métropolitaine» qui occupe une grande partie de la ville, s'est littéralement imposée. Essentiellement, ce tronçon fu construit vers la fin des années 50, dans l'objectif, à court terme, de désengorger l'autoroute 20 du trafic. À se moment, il s'agissait simplement de défaire l'ancien boulevard et d'en surélever un autre, gigantesque par contre, mais qui sillonne aujourd'hui, en 21 kilomètres, le paysage montréalais, d'est en ouest. En outre, l'autoroute métropolitaine est l'une des plus longues autoroutes canadiennes (La «transcanadienne»).

Étrangement, aujourd'hui il y a encore des embouteillages sur les routes. Il me semble qu'on ne constate pas encore ce problème, qui ne se résout pas en finançant d'autres nouvelles autoroutes au-dessus des premières. On appelle cela un cercle vicieux dans le branding des villes, ou la ville (la grenouille) qui voulut être plus grosse que l'autre ville (le boeuf).

Quand ton défi du Nouvel An est de traverser une rue, on peut se questionner sur tes intérêts généraux, c'est drôle, mais du coup, ça comporte quelque chose de moins drôle qui ne va pas. C'est déconcertant de noter qu'à l'aube de rénovations majeures sur nos routes, on nie avec les mêmes discours les impacts négatifs, en terme de mobilité piétonne et cycliste, mais également entre les quartiers fracturés ( qui maintient de nombreux sites dangereux et précaires).



Par les fenêtres j'observe cette monstrueuse structure, à n'importe quel moment. J'aime voir les ballets de chacun. J'observe le rythme, surtout le soir. Je me suis toujours demandé pourquoi à la suite d'orages violents on entend toujours crier les sirènes de pompiers, de police ou d'ambulances? Qu'est-ce qui s'est réellement passé? Durant les heures de pointe, c'est le silence total. Tous se tiennent tranquilles sur ce «tapis volant» de béton.Pendant se temps, ça pollue. Parfois j'aime détester cette bande grise, formant un mur en guise de modernité, héritage américain pour lequel je ne suis pas fière. Je ne crains pas le ciment quand il y a une conception stratégique derrière.