30 avril 2012

Ludwig Mies van der Rohe et Montréal

Italiano

Mies (1886-1969)  aurait fêté ses 126 ans de naissance cette année.

Que s'est-il passé entre Mies et Montréal?

Voici ce que je me suis demandé lorsque j'ai réalisé sa présence architecturale en ville, il y a quelques années. Son travail est partout, mais en même temps, il est identifié par différentes institutions, que se soit par le Bauhaus en Allemagne ou l'Illinois Institute à Chicago. Ce qui me gêne un peu dans tout ça c'est que la première fois que j'ai vu ses oeuvres architecturales, j'étais en voyage d'études à Berlin. Peut-être que cela est tout à fait normal? Je ne sais pas. J'ai parcouru six mille kilomètres pour visiter, mais aussi pour réaliser mon ignorance au sujet des deux oeuvres que Mies ait conçu à Montréal. En somme, il existe quelques Mies qui aient évolué dans le temps: celui de l'Europe, celui de l'Amérique et celui de Montréal.


Comment apprendre à lire Mies?

Il importe peu, que l'on aime ou non, Mies van der Rohe, l'histoire de l'architecture ou le Mouvement Moderne. L'expérience et les sensations que l'on risque de vivre par contre, sont importantes pour être en mesure de le lire. Se sont les projets de cet architecte qui m'ont permis de mieux décrire l'architecture sans les yeux. En effet, certains de ses projets sont brutaux, froids et épurés, mais bien attachés à leur époque des années 30 à 60.

Lorsque j'ai visité le Westmount Square à Montréal, j'avais l'impression de me situer au milieu d'une maquette, comme si j'étais une figurine collée entre des tours de plastique; de simples formes. L'idée est de fermer les yeux pour entendre, et s'imaginer un portrait perceptuel de l'espace. Ici au Westmount Square, la transparence du verre (également le matériau qui permet de le reconnaître) laisse entrer les édifices adjacents, je dirais même que ce square les aspire littéralement. Le site (voir la photo plus bas), à la fois imposant et léger,  semble dominer le reste du patrimoine bâti autour. Mais où avais-je la tête? C'était le premier principe que de faire tabula rasa chez les modernistes!


Mies à Montréal:

Qui est Phyllis Lambert?

Mies et Phyllis en train devant la maquette du Seagram NY.
Phyllis Lambert est une grande architecte canadienne. Fondatrice du Centre canadien d'Architecture en 1979, elle a également participé à l'élaboration du Seagram Building et à l'élaboration de quelques projets au Canada, toujours auprès de Mies.

Westmount Square (1964-66)

Détail, CKD

Perception et variations:

Westmount Square, au-dessus du métro Atwater, CKD

Hauteur (verticalité), CKD


Ouverture (vide), CKD
Centralité (noeud), CKD


Station d'essence ESSO (Verdun), 1967-68
Concept projeté par Mies, par l'entremise du client newyorkais le Metropolitan Structure Inc. Hors d'usage depuis 2008, ce bâtiment est en attente de restauration.

Photo prise par le Studio FABG, architectes
Station-service ESSO, 201 rue Berlioz, Verdun, Montréal


La station en 1975, France Vanlaethem


Mies en Allemagne:
Die Wohnung a Stuttgart, 1927, immeuble à logement, CKD
Plan de localisation, no. 1-4, Weissenhof estate



Musée d'art à Berlin, 1928, auparavant maison d'un fabricant de soie, CKD

Neue Nationalgalerie, 1962-67, Berlin, CKD


«Bras de robot» en acier, CKD


Mies à New York:
Place devant le Seagram Building, 1954-1958, by night, CKD


Mies à Chicago:

Non seulement il fut architecte, mais également directeur de l'Illinois Instiute of Technology. Il a marqué l'architecture moderne dans cette ville, et à travers l'Amérique à partir des années 40, par sa fameuse structure en acier. Un bâtiment, tel que le pavillon S.R. Crown Hall est très révélateur de l'ensemble de son oeuvre.


La morale de l'histoire: Bien connaître sa ville, sa région, avant d'en connaître et d'en appronfondir d'autres.

Pour aller plus loin: http://www.miessociety.org/legacy/projects/


Moi et l'Italie (io e l'Italia), article paru dans le Corriere Italiano de Montréal

Carolyn Kelly-Dorais, scuola Santa Monica - Io e l'Italia - Corriere Italiano


Ceci est un article que j'ai publié dans le journal des Italo-canadiens de Montréal, l'hiver dernier. Pourquoi m'acharnerais-je à écrire en italien?  Les réponses sont claires dans ce texte. Il n'y a rien qui soit scientifique, urbano-analytique ou poétique... juste du coeur.


Traduction :

Moi et l'Italie : une mer, une mère

Pour moi, l'Italie est comme une mère. Chez elle, j'y suis née une seconde fois. Pour un bref instant, elle m'a accueilli les bras ouverts, de manière à ce que je la garde près de mon coeur, pour toujours. Elle m'a adoptée lorsque je suis allée travailler durant l'été. Tout d'abord, je suis arrivée aveugle, sans la connaître. Doucement, j'ai ouvert les yeux, et je l'ai vu: belle, grande et fière. La mer, elle, me berçait et je me reposais, flottant sur les vagues. Durant ce stage, j'ai non seulement appris l'italien, mais j'ai aussi appris à parler, de façon à ce que je puisse bien m'exprimer. En me laissant entrer, certaines personnes ont eu la gentillesse de répondre à mes questions et de nourrir ma curiosité. Je ne me serais jamais imaginé mettre autant d'efforts et me plonger dans cette captivante et passionnante aventure.

Les origines de l'Italie m'ont accompagnée à mon retour. Ce sont celles que beaucoup connaissent, et ce sont les mêmes que je mets à profit quotidiennement, soit par la culture, la cuisine, la langue et les traditions. Ce sont celles que m'ont offert les Italiens que j'aie eu la chance de rencontrer sur mon chemin. Ces souvenirs merveilleux, échangés avec ceux que j'ai connus pour diverses raisons, soit au Canada ou en Italie, me servent désormais à partager, sous forme d'histoires, une partie de moi à ceux que j'aime.

Ce qui m'a le plus marquée, c'est la propension des Italiens à venir en aide aux autres. Il m'était arrivé plus d'une fois de m'égarer en sol étranger. Je demandais des informations aux gens, bien naturellement. La première fois, j'ai été frappée de remarquer que ces gens se jetaient sur moi pour me sauver d'un certain danger. Après à cette expérience, les gestes que je pose envers ma famille reflètent ces élans de générosité.
Depuis, un petit morceau d'Italie a émigré dans mon esprit. À mon tour de faire découvrir un peu de ce pays, chaque jour aux autres, considérant que c'est un privilège pour moi. J'ai plaisir à voir un Italien sourire au moment où je lui fais goûter un petit plat typique du Sud que j'ai cuisiné; je me dis que j'arrive à quelque chose de bien.

Voici ce que sont mes rapports avec l'Italie.

2 avril 2012

La petite Italie de Montréal, au tout début

Italiano


Introduction
Pour mon cours d’italien, le Professeur Pellegrino nous a mandatés de présenter, chacun, une région italienne de notre choix. Pour ma part, j’ai décidé d’orienter mon travail sur une zone italienne très particulière, qui heureusement pour moi, ne coûte rien en termes de transport! J’ai choisi de parler de la petite Italie de Montréal et des Italo-canadiens. Je n’ai pas la prétention d’enseigner l’Italie, mais j’ai le plaisir de vous offrir un tour historique sur l’évolution du quartier italien, ponctué parfois de mon point de vue personnel; je considère qu’il est important de savoir comment cette culture s’est développée en sol franco-américain.

Boulevard Saint-Laurent, CKD

Lorsque j’y pense, j’aimerais bien connaître davantage ma culture québécoise à travers les voyages à l’étranger, étant consciente qu’il n’y en a pas tant que ça… Donc j’ai entamé cette petite recherche, car j’aime me balader dans le quartier italien pour y découvrir de nouveaux goûts, ou pour jaser avec commerçants. On dit que le quartier est plus italien que l’Italie. C’est probablement parce que, la communauté étant fracturée d’une certaine façon de son pays d’origine, a toujours maintenu ses habitudes et ses traditions depuis plus de 50 ans. Aujourd’hui, la petite Italie est en train de changer. Plusieurs résidents d’origine italienne déménagent vers la banlieue, et d’autres vendent leurs commerces. Il est certain que le marché immobilier domine les zones vacantes; ainsi poussent les condominiums.

La petite Italie à travers le temps
La révolution industrielle; pourquoi venir au Québec à cette époque?
Situés au confluent des réseaux fluviaux et ferroviaires, les voyageurs et immigrants étaient parfois contraints à s’arrêter ici, un peu au centre-est de la ville. Pour leur part, les Italiens y trouvaient des opportunités, du travail, mais on parlait français, et par le fait même on apportait des références latines semblables, en plus des valeurs religieuses (christianisme) que l’on partageait. La période entre 1880 et 1925 est caractérisée par l’immigration du nord de l’Italie. Par contre, la période entre 1950-1960 correspond davantage à l’immigration du sud de l’Italie.

1880— Le port de Montréal
Population italienne : environ un millier.
Environ un millier d’hommes sont arrivés en 1880, employés dans la construction du chemin de fer le Canadien Pacifique. À partir de 1860, une cinquantaine de famille d’origine italienne fut déjà intégrée dans le cycle économique (sculpteurs, commerçants et hommes d’affaires). Le secteur industriel était en plein développement, et de là, la communauté italienne aura saisi une excellente occasion de transformer pour toujours le visage de Montréal.
À cette époque, les conditions sanitaires étaient pour le moins précaires. Les nouveaux arrivants se rassemblaient dans le port, car ils étaient en peu de temps engagés à participer au développement des rails de chemin de fer. Ce sont de jeunes hommes célibataires qui s’établirent (temporairement pour la plupart au début), et la majorité d’entre eux auront épousé des Canadiennes françaises. Les limites du premier quartier italien se situaient de la rue Beaudry à Saint-Urbain, et de la rue Notre-Dame à Ontario (actuellement dans l’entourage du quartier chinois). En général, ils arrivaient des États-Unis, en train, à la gare Windsor (inaugurée en 1887 et fermée vers les années 1980), pour ensuite être embauchés quelques jours plus tard par des agents d’emplois italiens.



Famille italienne, début XXe siècle, source: héritage Montréal




Église Saint-Édouard et champ adjacent au quartier, source: mémorable Montéal






1900- Le Mile-End (à un mille des limites de la cité de Montréal)
Population italienne en 1903 : environ 3000 Italiens (ils entrèrent au Canada 3497 nouveaux arrivants en 1901).
Population italienne en 1905 : environ 4000 Italiens, dont 235 familles sont répertoriées (ils entrèrent au Canada 5930 nouveaux arrivants en 1905).
Après s’être établis à Montréal depuis quelques années, les Italiens d’origine trouvèrent les commodités la qualité de vie et la tranquillité près de la Station Mile-End, toujours positionnée autour du chemin de fer. En somme, ils vivaient mieux à cet endroit.
Le rôle du tramway, comme premier impact de la mobilité urbaine des immigrants : l’apport du tramway (moyen de transport en activité de 1893 à 1959) entrainera une vague de déménagements vers le nord.
1910 : formation de la Petite-Italie (dans le quartier Rosemont-la-petite-Patrie)
Cette zone était auparavant pourvue d’une terre libre, vierge et arable. Les Italiens économisèrent leur salaire et achetèrent ces terrains afin d’y construire des maisons et commerces, de même qu’une paroisse en 1911 (Notre-Dame-de-la-Défense). Ceux-ci se sont bien adaptés, avec leurs propres moyens, et le paysage se transforma peu à peu. Ils se sont approprié la terre et ont développé plusieurs jardins, privés ou communautaires. Ils ont apporté leur savoir d’Italie et ont cultivés, ici, divers types de légumes par exemple, que ce soient les tomates, les aubergines, que les Canadiens ne connaissaient pas ou ne savaient pas cultivés. Il faut noter que Montréal a profité, en primeur, de l’arrivée d’une agriculture méditerranéenne, puisque c’est à l’Après-guerre que les Nord-américains ont vraiment commencé à consommer ces produits.  
En 1920, il y avait déjà une dizaine de petites Italie en Amérique du Nord (Toronto, New York, Boston, San Francisco…). En 1930, 30 % des Italo-canadiens occupaient le territoire de la Petite-Italie de Montréal.
Ouvriers de masse : Les femmes italiennes trouvèrent également un travail et un revenu comme patronne de maison. Plusieurs d’entre elles formèrent des pensions chez elles. Elles recueillaient des chambreurs ( pensionnaires), établirent un prix fixe au mois en considérant le revenu de chacun. Ainsi, en se rassemblant, d’une certaine manière, ils purent avoir du temps libre et retrouver un sentiment d’appartenance.



Source: Ramirez, 1984































1950-1960 : La banlieue (Saint-Léonard, Montréal-Nord, Rivière-des-Prairies, LaSalle…)
Population italienne : Ce fut, durant cette période d’Après-guerre, la plus grosse vague d’immigration. Entre les années 1940-1960, Montréal accueillit plus de mille familles italiennes, c’est-à-dire des immigrants permanents, dont plusieurs travaillaient dans le domaine de la construction. Il y avait désormais 15 000 familles dans la région métropolitaine. Durant les années 50, la Petite-Italie est habitée à pleine capacité par les Italiens. En 2001 (statistique Canada), il y avait 224 460 habitants d’origine italienne, donc 6,6 % de la population totale de la grande région montréalaise.
Le rôle de l’automobile comme second impact de la mobilité urbaine : Les différents moyens de transport ont poussé les résidents de la ville (Italiens inclus) à s’éloigner de la pollution et des taxes toujours plus élevées.




Réfléchir aujourd’hui du développement de la culture italienne sur la trame urbaine, complètement américaine; comprendre l’échelle et le tissu urbain :
Il est intéressant d’analyser par quels moyens les Italiens ont pu trouver l’inspiration du parcellaire urbain américain particulier, déterminé par les ingénieurs civils et les propriétaires fonciers lors de l’évolution industrielle (1850-1930) de Montréal.

La trame urbaine de Montréal :
Le lotissement a été conçu, d’une partie, par les Sulpiciens durant le Régime français (1642-1760) pour qu’ils puissent maintenir l’accès vers les cours eaux, et d’une autre partie, afin de faciliter l’organisation cadastrale future (donc, prévoir à l’avance les ventes) des services municipaux, tels que l’aqueduc et les commodités publiques. Montréal présente une morphologie simple, mais du coup, elle a été longtemps sans planification urbaine, sans plan d’ensemble, puis depuis les 25 dernières années la municipalité s’en préoccupe. Les intérêts financiers du passé n’ont pas permis à la trame de suivre la forme naturelle de l’Île. L’ilot urbain de type «quadrilatère» (ou méthode «en damier») provient du cardo et decumano romain. L’ilot urbain montréalais, la grille orthogonale, s’identifie par la rue en montée (nord-sud) et la rue en côte (est-ouest).









Certains édifices de la Petite-Italie ont marqué le quartier à travers les années.


1. Le marché Jean-Talon et l’édifice Shamrock (1934 et 1931)*
Tout d’abord, le lieu était utilisé auparavant comme terrain de jeu pour l’équipe de crosse irlandaise, les Shamrock. Ensuite, l’édifice public adjacent au marché (de l’architecte Charles-Aimé Reeves), transformé en boulangerie Première Moisson aujourd'hui, était dans le passé la bibliothèque du quartier. Se sont les Italiennes qui ont initié en premier le mouvement de ce marché, en y vendant des produits exotiques à l’époque.
Marché Jean Talon, partie intérieur, CKD
L’édifice Shamrock*, est toujours demeurée la caserne de pompiers numéro 31, mais elle partagait l'espace avec le poste de police (déménagé).
Caserne 31, CKD





2. La casa d’Italia, 1936 *, 505 rue Jean Talon Est: lieu de communauté italienne, le fascisme était à l’affiche durant le pouvoir de Mussolini. À cette époque également, les Italiens manifestaient davantage pour préserver les liens avec la mère patrie. L’édifice a été rénové et agrandi en 2010.
La casa, angle Berri et Jean Talon, CKD
3. L’église de Notre-Dame-de-la-Défense, 1919 (Roch Montbriand, architecte) : Guido Nincheri (1885, Prato d’Italia, 1973, Rhode Island), celui qui a réalisé la fresque de l’église, fut un grand artiste surtout reconnu en Amérique du Nord. Prenez soin d’observer sur la fresque Mussolini à cheval au troisième niveau du bas, à droite. Avez-vous remarqué qu’il s’oriente dans le sens contraire des autres personnages?
Source:wikipedia
4. École Notre-Dame-de-la-Défense, 1933 (Eugène Larose, architecte)* : Cette école de niveau primaire, accueilli les élèves d’origine italienne, mais l’enseignement s’effectuait en français, anglais et en italien. On l’appelle aujourd’hui l’école La Petite-Patrie.
Pourquoi plusieurs Italo-Canadiens parlent-ils l’anglais, plus que le français? Après le Régime français, à partir de 1760, les Anglais et les anglophones ont eu un énorme pouvoir à travers le Québec, touchant par le fait même l’immigration, la religion et l’éducation. Les Italiens de seconde et troisième générations eurent plus de facilité à entrer à l’école protestante, où l’enseignement était donné en anglais, étant donné le manque de places dans les écoles catholiques francophones suivant l’Après-guerre.

5. L’Usine Catelli : Le monde des pâtes au Canada était dominé par la famille Catelli dans les années 1880. Cette usine a été construite en 1911, mais elle est, depuis plusieurs années, fermée et transférée.

6. Boulangerie Margherita (une institution dans le quartier), 6505, rue Clark (fondé en 1910) :1. La famille Janniello est mon premier contact avec l’Italie; lorsque je suis arrivée à Montréal il y a six ou sept ans. Le père d’une bonne amie à moi fut le propriétaire de Margherita durant 30 ans. Originaire d'Emilia Romagna, en Italie, il fut également candidat au doctorat en agronomie à l’Université de Bologne avant d’émigrer avec sa famille en 1971. La fille du propriétaire m’a appris à parler l’italien chez elle, et je ne lui en serai jamais suffisamment reconnaissante. La famille Janniello a enrichi à sa manière la bonne réputation du quartier avec la tradition de cuisiner le pain.

7. Pâtisserie (Pasticceria) Alati-Caserta 277, rue Dante: Ils font les meilleurs cannolli!

8. La Librairie italienne, 6792, boulevard Saint-Laurent : La première fois que j’y suis entrée, j’ai voulu m’enfuir! J’avais rougi parce que l’on s’adressait à moi en italien et je n’y comprenais rien. Somme toute, j’ai réussi à acheter Les aventures de Pinocchio, mon premier livre de la langue de Dante, version intégrale et originale.

Comment l’Italie est-elle liée aux racines de l’histoire de la Nouvelle-France (Montréal) ?: Giovanni Battista Ramusio.
Je ne pensais pas remonter à ce point dans le temps. J’ai trouvé Le Monte Real de Giovanni Battista Ramusio, tiré du livre « delle navigationi et viaggi».
Description du premier plan d’Hochelaga, futur Montréal :
Centre : Ramusio présente le village des Iroquois, situé au nord de la rive du fleuve Saint-Laurent. Sur ce territoire, il y avait cette tribu sédentaire de 1500 personnes environ, qui  vivait dans un bourg. Hochelaga voudrait dire «où l’on passe l’hiver».
Plan conçu par Giacomo Gastaldi, dirigé par Ramusio, 1556
source: banq.qc.ca
Gauche : ce sont les territoires agricoles, rectangulaires, ancêtres de l’ilot urbain d’aujourd’hui, qui sont présentés par Ramusio, diplomate de Vénétie. Ils s’orientaient au cours d’eau et au Saint-Laurent, de façon à ce que les habitants puissent parcourir facilement vers les accès d’eau.

agrandissement de la légende
Sa relation d’amitié avec Jacques Cartier, par l’entremise du roi français François 1er , lui permit de recueillir les informations des voyages, en 1535, de la partie septentrionale des Amériques, pour ensuite les publier. Polyglotte, il avait l’avantage d’échanger avec d'autres pays et de bien tracer les cartes géographiques. Il était responsable de plusieurs explorations, partout dans le monde, même s’il ne fut jamais allé. Selon les chercheurs et les spécialistes, Ramusio a réussi à décrire parfaitement le contexte géographique et la topographie en ce qui concerne la montagne du mont Royal (apparemment, il s’est trompé d’une dizaine de mètres de hauteur…).



Conclusion
Bien que le sujet soit ambitieux, j’ai tenté de simplifier l’argument au maximum; c’est un survol afin que l’on puisse comprendre ensemble le rôle que maintient l’Italie avec Montréal depuis le début de son histoire. En somme, les Italiens ont, depuis toujours, eu une image claire de la ville, et cela se voit à travers plusieurs époques, voilà ce que moi j’ai compris. Les Italiens l’ont finement analysée avant sa fondation en 1642. Ils ont participé à l’élaboration de la découverte de la Nouvelle-France. De Marco Polo à Vespucci, jusqu’à Christophe Colomb, ils ont été des figures importantes, mais avant tout des passionnés par le voyage. Ils n’ont pas seulement initié des échanges de biens envers les Amérindiens (même s’ils ne révélaient pas les mêmes intérêts que les Français), ils ont été prêts à guider, à être les yeux de l’Amérique entière, voulant eux aussi découvrir de nouveaux lieux pour faire croître le monde.
300 ans plus tard, durant une grande période de l’histoire de l’immigration au Québec, les Italiens ont construit une partie de Montréal et ont vraisemblablement cousu le tissu urbain du quartier de la Petite-Italie, au lieu d’être davantage nécrosés par le chemin de fer. Qu’est-ce que serait Montréal sans les Italiens? En outre, je n’ai que très peu entendu parler durant les études, d’une quelconque forme de reconnaissance, excepté celle d’ériger des statues sur la place publique du quartier.
Malheureusement, en ce moment, la Petite-Italie est en train de changer. Parfois lorsque j’y vais, je sens la mélancolie qui flotte entre les drapeaux, autour des lampadaires. Là, on y parle les dialectes, mais aussi l’italien. J’ai également entendu de certains Italiens, en visites à Montréal, sentaient que l’environnement et l’ambiance étaient différents au point de ne pas s’y reconnaître. Ils partagent la même culture, mais pas la même époque. Parfois ils se sentaient à l’aise, et d’autres fois ils ne trouvaient aucun repère. Notre petite-Italie est en train de devenir vraiment petite, mais je crois qu’elle sera préservée pour encore longtemps, parce que nous, Canadiens, nous en avons besoin!



* Édifices de style Art déco, qui appartiennent au programme antichômage dans les années 30, afin de stimuler la création d’emploi.






Bibliographie :       


                BENOÎT, Michel, GRATTON, Michel, Pignon sur rue, les quartiers de Montréal, Les Éditions Guérin littérature, Montréal, Canada, 1991, 393 p.


            LAROUCHE, Pierre., Montréal et l'urbanisme, hier et aujourd'hui, Éditions Villes nouvelles, Villes anciennes, Montréal, 1990, 131 p.

             RAMIREZ, Bruno, Les premiers italiens de Montréal, l'origine de la Petite Italie au Québec, Les Éditions du Boreal Express, Montréal, Canada, 1984, 136p.